Le terme de mixité sociale est de plus en plus présent dans les discours politiques. Fréquemment, cette notion renvoie à des problématiques de logement et intervient en politique de la ville. Mais la mixité sociale, pour être réelle, se doit d’être établie au quotidien. Pour favoriser le partage et l’échange entre différentes catégories de personnes, la culture grâce à sa neutralité, semble être le terrain idéal pour apprendre à se comprendre malgré nos différences.

La mixité sociale et ses champs d’actions

La mixité sociale vise à favoriser le mélange de groupes sociaux aux caractéristiques différentes. Souvent défendue comme moyen de lutte contre les inégalités ou la discrimination, elle semble permettre la cohésion sociale et favoriser l’égalité. Toutefois, entre les discours politique et la réalité des territoires, il existe de véritables disparités.

Pour favoriser le mélange de groupes sociaux, l’organisation des villes et des quartiers a dû être repensé. La mixité sociale est donc devenue un axe de développement dans les actions politiques publiques. Il s’agit, par exemple, de limiter le regroupement dans des zones de résidence de personnes appartenant à la même classe sociale. Faire vivre ensemble des groupes sociaux différents semble être une solution pour limiter les inégalités d’un territoire à un autre.

Dès la scolarité, la mixité sociale est à prendre en compte. Évoluer dans un milieu scolaire où il y a de la mixité sociale permettrait de réduire les inégalités entre les élèves. En 2014, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, a annoncé que « Les inégalités sociales se transforment et s’aggravent en inégalités scolaires : depuis 2002, le poids de l’origine sociale sur les performances des élèves de 15 ans a augmenté de 33 %. ». Cet extrait de discours rapporte le corollaire entre le milieu social d’origine et les inégalités scolaires, mais il permet également de montrer l’importance de faire évoluer des élèves de milieux différents au sein d’un même milieu éducatif. En effet, les enfants de milieux populaires semblent obtenir de meilleurs résultats lorsqu’ils étudient avec des enfants de milieux différents. Ces mêmes élèves font preuve de plus d’ambition concernant leur avenir scolaire et professionnel, sans que cela n’affecte négativement la réussite scolaire des autres élèves. Favoriser l’inclusion sociale permet donc d’agir dans un objectif d’égalité des chances.

Outre le milieu social d’origine, la mixité sociale participe à l’égalité des genres et à l’échange entre générations. En milieu professionnel, construire des équipes constituées de personnes de genre et d’âge différent peut se montrer bénéfique. Le discours de recrutement des entreprises en fait souvent état en mettant l’accent sur les conséquences positives de relations intergénérationnelles, du mélange de culture et de l’égalité homme – femme. Travailler avec une équipe aux profils et expériences variés participent au développement des compétences de chacun.

Que cela soit dans le milieu scolaire, dans l’organisation des territoires ou dans le milieu professionnel, la question de la mixité sociale se rapporte au vivre ensemble. Outre les milieux qui font partis de notre quotidien, il existe d’autres domaines où la mixité sociale est recherchée. Le domaine de la culture intervient lui aussi dans un objectif de rassembler la population.

La mixité sociale dans la culture

Rassembler des publics divers autour d’une activité culturelle permet de créer des moments de partage et d’amorcer des sujets d’échanges. Chaque public présent, bien qu’il peut avoir son propre mode d’expression ou ses propres goûts se verra sans doute confronté à des publics aux préférences différentes. Ces moments, où débattre est souhaité, permet de s’ouvrir aux autres et d’en apprendre sur eux. Construire ces échanges dans un but d’apprendre à connaître les personnes autour de soi et d’apprendre à les comprendre permet de limiter la peur d’autrui. Plus nous en savons, moins nous aurons peur de l’inconnu. La médiation culturelle induit un environnement neutre où chacun est libre d’exprimer sa parole. Ecouter les autres, les opinions différentes des publics autour de nous, nous permet de nous ouvrir au monde et d’ouvrir notre esprit.

En fonction de notre milieu social, de notre éducation ou de nos goûts, nous sommes souvent inégaux face à l’accès à la culture. Pourtant, nous avons tous une histoire qui crée en nous des perceptions sur ce que nous voyons. Chacun de nous est capable de développer des réflexions sur ce qui l’entoure. Notre expérience de la vie, nos croyances nous amènent à apporter à d’autres de nouvelles connaissances, de la même manière que l’expérience de la vie d’autrui nous permettra d’apprendre autre chose.

Il existe de nombreuses initiatives dans le milieu de la culture qui favorisent la mixité sociale, où elle peut même en être un des objectifs principaux. Chaque membre de la société doit avoir la possibilité d’accéder à la culture. La culture peut être une activité personnelle, mais la plupart du temps cela est collectif. Il est toujours intéressant de se prêter à des échanges avec nos pairs, mais cela l’est d’autant plus avec des personnes dont nous ne partageons rien de prime abord.

Des initiatives françaises pour favoriser le vivre ensemble

De nombreuses structures françaises ont pour mission de favoriser l’accès à la culture pour tous. Certaines permettent de faire découvrir le théâtre à des jeunes publics, d’autres offrent des cours de dessins ou organisent des sorties culturelles originales. Il existe plusieurs associations culturelles ayant pour mission de faire se rencontrer des publics grâce à la culture. L’association Culture du Coeur propose des sorties culturelles, Unis Cité recherche fréquemment des bénévoles pour participer à la mise en place de projets culturels et l’association Aurora a investi l’Archipel pour créer un lieu de vie regroupant culture et insertion sociale.

Il y a déjà plusieurs années, l’association Pulsart avait proposé une agora artistique « viva Utopia », qui grâce à un concept participatif visait à faire participer les spectateurs pour créer une société « utopique ». Pour la créer, les participants participaient de manière interactive à une pièce de théâtre. Grâce à cette expérience culturelle, les spectateurs étaient invités à créer et à interagir. Cette agora artistique n’est qu’un exemple de ce que la culture peut permettre de faire pour rassembler les gens.

Pour notre association Le Jardin d’Alcinoos, la culture ne fait pas parti de notre champ d’action principal. Pourtant, nous avons à coeur dans nos voies de développement, de proposer une offre « culture du coeur ». Nous souhaitons réaliser des sorties culturelles gratuites par petits groupes pour permettre à des publics d’échanger et de débattre autour de la culture. Les petits groupes seront hétérogènes afin de nourrir les échanges de points de vue et d’opinions différentes. 

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