Le jardin d’Alcinoos prévoit d’installer un click & collect de produits alimentaires et non alimentaires à des prix avantageux sur le territoire Roissy-Pays-de-France. Les produits seront stockés dans un hangar situé au même endroit. Au total 12 villes seront desservies et une épicerie solidaire prendra place à Garges lès Gonesse.

A travers le Triangle de Gonesse, les pouvoirs publics souhaitent développer et accompagner Roissy-Pays-de-France vers une agriculture et une alimentation davantage durable. Sans oublier les retombées économiques et le potentiel d’épanouissement de la population, plus ou moins précaire et mise à mal par les nuisances sonores de l’Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. Le jardin d’Alcinoos souhaite faire partie de ce projet.

Ce territoire agricole et aux terres riches a tout à gagner à développer le circuit court. Ainsi, il s’agit de réduire au maximum le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur dans une démarche écologique, de réduction d’empreinte carbone, de soutien à l’économie locale et de traçabilité des produits.

Une initiative plébiscitée par la population puisque « En 2022, près de la moitié des Français estimaient qu’acheter des produits locaux et de saison et privilégier les circuits courts étaient les engagements les plus importants concernant leur consommation alimentaire. » (Publié par Sheelah Delestre, mars 2023). Cependant, l’achat en circuit court reste minoritaire : la population française, en effet, préfère faire ses courses au supermarché : 70% des Français indiquaient ne pas pouvoir consommer autant de produits « Made in France » qu’ils le souhaiteraient parce qu’ils étaient trop chers. (Publié par Sheelah Delestre, octobre 2023).


« En 2024, 2/3 des Français déclare consommer des produits en circuit court au moins une fois par mois »

Source : Baromètre annuel de l’entreprise Pourdebon

Le Triangle de Gonesse :

ZAP : Zone Agricole Protégée, c’est-à-dire que dans l’intérêt de tous, la préservation permet de conserver la qualité de la production ou la situation géographique.

ZAC : Zone d’aménagement concerté, c’est-à-dire une opération d’urbanisme publique.

Le Triangle de Gonesse : une surface globale de 750 hectares dont 400 hectares de terres agricoles ont été sanctuarisées et 110 hectares appartenant à l’État seront aménagés

De fait, l’alimentation et l’agriculture sont le cœur du Triangle de Gonesse. Autour de ces enjeux, 3 projets clés gravitent et sont complémentaires. Tout d’abord, une gare du métro 17 est censée être installée d’ici 2028 dans le cadre du Grand Paris Express. Il s’agira de l’unique station de métro du Val-d’Oise, desservie par des bus, qui a vu le jour grâce à la mobilisation des élus et de la population. Complétée par une Cité scolaire internationale, prévue pour la rentrée 2027, composée d’un complexe sportif et d’un centre National des Arts de la Rue. Ce projet permet d’attirer un public plus jeune tout en respectant la vocation agricole des terres de Gonesse. En effet, cette cité école accueillera chaque année 600 collégiens et 1 500 lycéens dans une logique d’excellence et d’ouverture à l’international vers les métiers de l’hôtellerie, de la restauration, de l’alimentation et de l’agriculture biologique. Enfin, une administration publique sera implantée localement afin d’être un relais gouvernemental. Finalement, cela permettra d’accueillir des projets de production agricole à vocations expérimentales, sociales, pédagogiques et de renforcer l’attrait du territoire.

Des modèles d’avant-garde nous montrent qu’il est possible d’allier agriculture développement social, économique et engagement politique. Par exemple, l’agriculteur à la tête d’une grosse exploitation de 270 hectares (blé, betteraves, protéagineux) et ancien représentant de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) en Seine et Marne, Monsieur Bruno Bahin, a choisi de s’investir dans sa ville en devenant maire à Thieux, même s’il a d’autres casquettes puisqu’il fait partie du MSA (Mutualité Sociale Agricole). Par ailleurs, un des rares agriculteurs à avoir des terres enregistrées comme Société en Nom Collectif (SNC). En partenariat avec un technicien du collectif Valfrance, il s’est efforcé de traiter ses terres de manière mesurée, uniquement lorsque c’est nécessaire.

On peut se demander comment le nouveau projet du Triangle de Gonesse va-t-il impacter les agriculteurs ?  L’association CARMA (Coopération pour une Ambition Agricole, Rurale et Métropolitaine d’Avenir) regroupant différents acteurs qui œuvrent pour une agriculture plus responsable et périurbaine, a étudié le foncier agricole en 2022. Suite au projet, ces zones agricoles ont été classées comme urbaines, ce qui a impacté le foncier. Elle en conclut que : « L’intérêt financier (à court terme) des propriétaires comme des fermiers va à l’encontre des intérêts de la collectivité au regard des enjeux environnementaux, sociaux et économiques. » car les cultivateurs tendent à se fermer aux nouveaux arrivants, leurs nouvelles méthodes de production, et désireux de louer des terres. Ainsi, l’association regrette que ces acteurs ne soient pas associés à « l’avenir du territoire périurbain, mais pris dans des logiques financières propres. ». Le Triangle de Gonesse pourrait cependant « orienter les biens agricoles vers les porteurs de projet qui sont en cohérence avec les objectifs publics. ».

Enfin l’agriculture de Roissy-Pays-de-France pourrait s’inspirer d’autres modèles plus récents et en circuit court. C’est le cas du viticulteur Armand Heitz, à la tête du domaine Chassagne-Montrachet, en Côte d’Or. Il a investi dans le maraîchage, l’élevage, la bière et l’œnotourisme, et vient même d’ouvrir son propre restaurant « Chez Armand », en Saône-et-Loire. Cela lui permet de s’éloigner du modèle traditionnel agricole et de diversifier à la fois ses activités et ses sources de revenus. Il a appelé ce concept « De la ferme à la fourchette ». En effet, les plats cuisinés sont des produits de son exploitation, en circuit court. Plus concrètement, ses investissements dans le maraîchage, l’élevage de 260 vaches et de 150 moutons, la production de bières avec Brasserie de France et la création de chambres d’hôtes, lui permettent de proposer et de construire un modèle plus durable et accessible. Un modèle que le Triangle de Gonesse pourrait reproduire en collaboration avec Le jardin d’Alcinoos.

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