Qu’est-ce qu’un OGM ?
« Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme (animal, végétal, bactérie) dont on a modifié le matériel génétique (ensemble de gènes) par une technique dite de « génie génétique » pour lui conférer une caractéristique nouvelle.»1
Nous ne nous intéresserons ici qu’aux organismes végétaux (blé, maïs et tout autre organisme végétal destiné à l’alimentation humaine).
Un OGM est donc un organisme dont l’ADN2 a été modifié pour qu’il acquière des qualités qu’il ne possède pas à l’origine. La transgénèse (introduction d’un gène dans un organisme ne le contenant pas à l’origine) constitue le processus de modification le plus classique.
Pourquoi les OGM ?
Les organismes végétaux sont modifiés pour mieux résister à la sécheresse, à la salinité ou à certaines maladies. Le plus souvent, cependant, comme le signale Greenpeace, il s’agit de rendre certaines plantes résistantes à un herbicide ou de faire en sorte que ces plantes produisent elles-mêmes un insecticide.
Dans l’Union européenne, un OGM ne peut être commercialisé ou disséminé dans l’environnement sans autorisation préalable. Tout OGM dont la commercialisation a été autorisée est soumis à une surveillance, une traçabilité et un étiquetage.
Dans le monde, les quatre plantes OGM les plus cultivées sont le coton, le colza, le maïs et le soja. Viennent ensuite la luzerne et les betteraves sucrières ainsi que quelques fruits et légumes3. Dans l’Union européenne, seule la culture du maïs MON810 est autorisée et n’est d’ailleurs pratiquée qu’en Espagne et au Portugal.
Outre la résistance à la sécheresse, à la salinité, aux herbicides, à la maladie ou la capacité à générer un insecticide, les organismes génétiquement modifiés peuvent offrir une qualité nutritive accrue et pallier certaines carences alimentaires ou prévenir les maladies cardio-vasculaires. Les OGM peuvent également offrir une meilleure productivité et ainsi nourrir une plus grande partie de la population mondiale. Cette productivité accrue et cette résistance aux maladies contribuent d’ailleurs à la préservation de la biodiversité (puisque la culture d’OGM peut alors s’effectuer, sans utilisation excessive de produits phytosanitaires, sur des sols moins productifs et contribuer ainsi à la réhabilitation de terrains riches tels que les abords forestiers et les zones humides) telles que des forêts et des zones humides sans utilisation excessive de produits phytosanitaires.
Les OGM, pour ou contre ?
Devant de tels avantages, on ne peut que se demander pourquoi un seul type de maïs transgénique est autorisé en Europe… La réponse tient évidemment aux inconvénients que risquent de présenter ces manipulations.
L’introduction d’un nouveau gène dans un organisme végétal risque de créer, chez les consommateurs, une intoxication (présence de toxines dans un aliment) et/ou une allergie. Les toxines et les allergènes sont naturellement présents dans les aliments ; néanmoins, tout nouveau gène peut provoquer dans l’organisme hôte une surproduction de toxines ou d’allergènes et/ou la production de protéines indésirables. La même remarque concerne les animaux nourris aux susceptibles dès lors d’intoxiquer les consommateurs de viande. Les études concernant les effets des OGM sur la santé s’avèrent plutôt rares : les OGM sont brevetés, leur étude reste donc limitée aux compagnies détentrices de ces brevets dont les résultats sont rarement publiés.
Par ailleurs, créer des végétaux résistants aux herbicides à base de glyphosate (dont le fameux Roundup de Monsanto4, potentiellement cancérigène) ouvre automatiquement la porte à leur utilisation et privilégie, de fait, l’emploi des OGM aux dépens des végétaux nuisibles.
Enfin, parce que brevetées, ces semences OGM ont un coût élevé. De facto, sont éliminées les petites exploitations aux cultures traditionnelles ne pouvant supporter le coût de ces semences et dont les productions ne pourront jamais concurrencer en termes de qualité et de productivité celles d’organismes génétiquement modifiés.
Que penser, que faire ?
La question des OGM rappelle celle du nucléaire ; depuis toujours décrié, le nucléaire est largement utilisé et se targue même de vertus écologiques : source d’énergie théoriquement très sûre, production d’électricité sans pollution atmosphérique, utilisation future du thorium, moins générateur de déchets que ne l’est l’uranium.5
Le parallèle entre les OGM et les médicaments antibiotiques s’impose également. Très utilisés parce que particulièrement efficaces contre les maladies infectieuses, les antibiotiques risquent également de provoquer maux d’estomac ou destruction de la flore intestinale. Pire, leur consommation est aujourd’hui telle que non seulement certaines bactéries ont développé une résistance aux antibiotiques mais que ceux-ci participent à la pollution des eaux de surface.
L’élaboration des OGM répond à la nécessité de créer une espèce de super-végétaux répondant aux besoins de consommation avec, toutefois, un fort risque d’uniformisation de ces végétaux. De nouvelles techniques de modifications génétiques, les NTG6 (nouvelles techniques génomiques) moins intrusives, contribueront peut-être à une plus grande variété d’OGM tout en diminuant les risques sanitaires induits. Les coûts de mise au point des OGM, des antibiotiques ou du nucléaire, sont très élevés ; dès que l’utilité du produit est avérée, ces coûts et risques inhérents sont oubliés ; seul, un accident grave peut nous les rappeler.
1 Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire
2 acide désoxyribonucléique, molécule géante où est stockée l’information génétique et l’ensemble des caractères héréditaires d’une cellule
3 Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
4 Vigilance OGM.
5 Parlons Sciences
6 Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires