Le sentiment d’isolement est vécu par un grand nombre de français, toutefois les seniors semblent davantage touchés. Les raisons sont diverses et le degré de ressenti est différent pour chacun, mais c’est une situation dont il est nécessaire de parler. Entre l’exclusion numérique, le confinement, l’éloignement physique avec ses proches : le maintien des liens sociaux a été impacté pour nos aînés.
Le sentiment d’isolement des seniors
Une partie des personnes âgées de 60 ans et plus se sent isolée. L’étude « Solitude et isolement des personnes âgées en France. Quels liens avec les territoires » réalisée par Petits Frères des Pauvres en 2019, révèle que 19% des 60 ans et plus sont en situation de risque d’isolement relationnel. Ce risque concerne les personnes qui peuvent passer des journées entières sans contact ou échange avec autrui.
L’isolement est causé par un éloignement des différents cercles sociaux. Les contacts avec la famille, les amis, les voisins, les associations et le milieu professionnel évoluent et diminuent. Que cela soit causé par le déménagement des enfants et petits enfants, par le changement de voisins, des contacts qui ne se renouvellent pas ou par une condition physique ne permettant plus de s’investir autant dans des activités, l’éloignement est présent. Les situations sont différentes pour chacun, mais le risque d’isolement relationnel est lui, commun à 3,2 millions de seniors.
En Île de France, ce risque d’isolement relationnel correspond à 26% des 60 ans et plus. Ce chiffre est légèrement inférieur à la moyenne du territoire national. Parmi ces plus de 3 millions d’ainés, 37% d’entre eux vivent seul, et 33% vivent avec moins de 1000 € par mois.
L’étude révèle qu’un autre facteur de ce sentiment d’isolement correspond au manque de solidarité. C’est au sein de l’agglomération parisienne que le manque de solidarité est le plus élevé. Plus d’un senior sur trois (37%) estiment que les gens ne sont pas du tout solidaire entre eux. Ce sont les personnes âgées vivant en HLM qui ressentent le plus ce manque de solidarité entre voisins ou au sein de leur quartier de résidence.
Les personnes âgées ayant peu de contact avec leur pairs peuvent alors passer des journées entières sans contact extérieur. La situation financière et le lieu de résidence jouent un rôle et augmentent le sentiment de solitude. La solidarité n’est que peu présente et ne permet pas de combler le besoin de partage et d’échanges des aînés.
Un sentiment en progression au vu de la situation actuelle
La situation sanitaire actuelle n’a fait que rendre l’isolement encore plus présent pour nos aînés. Les personnes âgées étant jugées plus à risque face à la maladie, leurs relations à l’extérieur ont diminué drastiquement.
Afin de limiter leur contamination, les contacts avec toutes autres personnes étaient à proscrire. Bien que les mesures aient été mises en place pour sécuriser la santé de tous, se confiner a également accentué le sentiment d’isolement. En effet, la limitation d’1km autour du domicile rendait impossible pour une grande majorité des seniors, d’avoir la visite de ses proches. Ces mêmes proches ont pu refuser, à juste titre, de limiter les rencontres en face à face afin de ne pas les mettre en danger de contamination. Il en est de même pour nos aînés dans les EHPAD, qui se sont retrouvés sans visite de leurs proches pendant de longues semaines. Cette coupure de plusieurs mois avec sa famille a impacté le moral d’un grand nombre de seniors. En plus de la peur d’être touché par le virus, ils devaient réussir à surmonter cela en étant seul.
Lorsque l’on sait que plus de 3 millions de seniors sont déjà en situation de risque d’isolement relationnel, on ne peut ignorer la difficulté d’avoir surmonté cette période seul. Encore aujourd’hui, du fait de leur âge, ces personnes doivent être sur leurs gardes et limiter au maximum les contacts avec l’extérieur et leurs proches.
De plus, le virus a amené les français à revoir leurs modes de communication en se tournant davantage vers les outils numériques pour échanger entre eux, toutefois les moins bien équipé sont les seniors. Effectivement, 3,9 millions de personnes âgées seraient concernées par l’exclusion numérique. Internet n’est pas installé chez l’ensemble des 65 ans et plus et, même s’il l’est, ils n’ont pas forcément appris à manipuler ces outils. Cette exclusion numérique a rendu plus difficile pour cette partie de la population de maintenir des liens sociaux en situation de confinement.
La crise sanitaire actuelle a donc eu un impact très important sur l’isolement des seniors. Les liens sociaux ont diminué et le retour à une vie normale prendra du temps. Il est pourtant nécessaire pour eux de renouer contact avec leur entourage, ou simplement de retourner à l’extérieur.
L’importance des commerces de proximité
Afin de lutter contre l’isolement des aînés, il est indispensable qu’ils puissent avoir accès à des commerces de proximité. Pour certain l’offre de transport n’est pas suffisante pour se rendre dans des commerces éloignés de leur lieu d’habitation. Il est aussi actuellement préférable de limiter les déplacements en transports en commun. Il semble alors important que chacun puisse avoir accès à un ensemble de commerces proche de chez soi. L’étude révèle pourtant que 19% des aînés trouvent qu’il manque de commerces de proximité sur leurs territoires.
L’alimentation et les produits d’hygiènes sont indispensables à chacun, de même que le maintien de liens sociaux. Faire ses courses permet de rassembler ces trois éléments et donc d’aider les seniors à sortir d’un sentiment d’isolement.
L’association Le Jardin d’Alcinoos a cette ambition. L’épicerie solidaire cherche à réunir l’achat de produits indispensables au maintien ou à la création de lien social. Les personnes âgées ayant besoin de se tourner vers l’épicerie solidaire pour effectuer leurs achats, trouvent aussi en ce lieu, une équipe intergénérationnelle à l’écoute et favorisant les échanges. Plus qu’une relation de services, c’est un moment de partage.